Les tests rapides sur le lieu de travail : qu’en est-il précisément ?

Maintenant que le gouvernement offre un million de tests rapides gratuits à utiliser sur le lieu de travail, les entreprises sont nombreuses à frapper à la porte de leur service externe. Toutefois, des règles strictes régissent l’utilisation de ces tests. Le Dr Geert Laire, médecin du travail et directeur régional pour Bruxelles chez Mensura, apporte des éclaircissements.

Dans un contexte de contaminations en clusters, les tests rapides sont déjà utilisés sur le lieu de travail. Désormais, le médecin du travail peut décider, sur la base d’une évaluation spécifique des risques, d’utiliser également les tests rapides à titre préventif afin d’éviter la propagation du virus, même s’il n’y a pas d’infection connue à ce moment-là. C’est surtout sur ce point qu’il semble y avoir encore beaucoup d’incertitudes.

Quand le médecin du travail peut-il décider de recourir à des tests rapides préventifs ?

Geert Laire : « Les médecins du travail ne bénéficient pas d’un laissez-passer pour la réalisation aléatoire de tests rapides. Au niveau sectoriel, nous avons élaboré un arbre de décision qui devrait nous permettre de peser de manière uniforme tous les éléments pertinents et de décider si le recours aux tests rapides est nécessaire et justifié.

Le recours aux tests rapides repose avant toute chose sur la question de savoir si une analyse générale du risque COVID-19 a été effectuée au sein de l’entreprise. La deuxième étape consiste à vérifier si toutes les mesures préventives possibles ont été prises sur la base de cette analyse. Si la réponse est non dans l’un de ces deux cas, l’action prioritaire de l’employeur sera tout d’abord de mettre en ordre ces choses, avec ou sans l’aide du service externe. Les tests rapides ne remplacent en effet jamais toutes les mesures préventives applicables telles que la distanciation, les masques buccaux, l’hygiène des mains, la ventilation…

Le fait qu’une entreprise puisse bénéficier des tests rapides mis à disposition par le gouvernement fédéral dépend en outre de plusieurs facteurs. Il doit y avoir un risque démontrable. À cette fin, nous examinons le profil d’une entreprise. Quelles sont ses activités ? La circulation du virus est-elle accrue dans la région ? Y a-t-il des risques spécifiques liés au travail ou des risques pour ce qui est des déplacements domicile-lieu de travail ? Dans quelle mesure certains travailleurs sont-ils déjà vaccinés ? L’activité est-elle temporairement faible ou nulle ?

Quels sont les travailleurs entrant en considération ?

Geert Laire : « Les tests rapides ne sont pas conçus pour ramener au sein de l’entreprise les travailleurs qui peuvent faire du télétravail. Ils ne peuvent pas non plus servir à lever l’obligation de quarantaine d’un travailleur. Les fonctions critiques dans les secteurs essentiels constituent une exception à cette règle. Une procédure de test rapide a d’ailleurs été élaborée en ce sens il y a un certain temps.

Pour les travailleurs pouvant uniquement travailler au sein de l’entreprise, le médecin du travail procède à une évaluation spécifique. Des éléments tels que le nombre de personnes travaillant dans un certain espace, le nombre de contacts, le degré de distanciation et le degré de ventilation jouent tous un rôle.

Les travailleurs ne peuvent pas être obligés à se soumettre à un test rapide. La participation s’effectue sur base volontaire. »

Quand viendra le tour de mon entreprise ?

Geert Laire : « Sur la base de tous les éléments de l’arbre de décision, le médecin du travail peut procéder à une évaluation fondée et objective. Cela permet aux services externes de classer les entreprises par ordre de priorité, du risque élevé au risque faible. L’exécution des tests commencera alors dans cet ordre et en fonction des capacités disponibles. »

Que coûte le recours aux tests rapides ?

Geert Laire : « Le gouvernement offre un million de tests gratuits, mais cela ne veut pas dire que passer les tests est gratuit. Le temps passé par les médecins ou les infirmières pour effectuer ces tests en entreprise ou le temps nécessaire pour tester les employés dans un centre de recherche médicale est facturé. Le SPF ETCS indique explicitement que l’utilisation de tests rapides ne fait pas partie de la surveillance de la santé périodique. Les grandes entreprises peuvent bien sûr utiliser leurs unités de prévention à cette fin.

Élément non négligeable : ces tests gratuits peuvent être prescrits exclusivement par les médecins du travail. »

Que se passe-t-il en cas de détection d’un cas positif ?

Geert Laire : « En cas de résultat positif, le travailleur concerné doit être mis en isolation. Le médecin décidera si un contrôle supplémentaire, à l’aide d’un test PCR est nécessaire. Le contact tracing commence ensuite. Pour réduire au minimum les formalités administratives, uniquement les cas positifs et le nombre total de tests effectués sont à signaler au gouvernement.

Votre entreprise peut-elle prétendre aux tests rapides ?

Pour qu’une entreprise puisse bénéficier du recours aux tests rapides en dehors de la gestion des clusters, la réponse à toutes ces questions doit être positive. L’évaluation est réalisée par le médecin du travail.

  • Une analyse des risques de COVID-19 a-t-elle été réalisée dans votre entreprise ?
  • Des mesures de prévention spécifiques ont-elles été déterminées et mises en œuvre sur cette base ?
  • A-t-on eu recours au maximum au télétravail ?
  • La circulation du virus est-elle accrue dans la région ?
  • Les risques sont-ils accrus dans votre secteur ?
  • Existe-t-il des risques spécifiques liés à une fonction et/ou des risques associés aux déplacements domicile-lieu de travail ?

Plus d’informations sur https://www.mensura.be